Je n'ai pas cru un seul mot de ce qu'on m'a dit ce soir, quand j'ai pris mon service.
J'arrivais serein au travail, j'attendais de te voir arriver dans un coin du couloir comme à ton habitude.
J'aurais entendu un "Salut Evan", un sourire et il n'y avait plus qu'à aller au bout du monde pour sauver des gens.
Mais ce soir, c'est le Directeur qui est venu, l'air grave, le regard fermé. Il m'a emmené avec lui.
Et j'ai appris que plus jamais je n'allais te revoir.
Tout s'est mélangé dans ma tête. J'ai tout fait pour garder mon calme, alors que j'allais chercher la tenue que je porterai pour te faire mes derniers adieux, mais impossible.
Mes larmes coulaient le long de mes joues, je n'arrivais qu'à retenir mon souffle pour ne pas m'effondrer devant mes collègues.
Tu as fait le choix d'arrêter de souffrir, tu souffrais en silence. Et moi, ton collègue, ton partenaire de crime, je n'ai rien vu venir.
J'ai pas su voir ta souffrance, alors que pourtant, j'attendais de te retrouver à chaque prise de service.
Nous allions sauver des vies, et je n'ai pas vu que la plus importante de toutes, la tienne, devait être sauvée.
Je te demande pardon pour avoir été si aveugle.
Les interventions ce soir m'ont permis d'occuper mon esprit. Mais en rentrant de mon service, j'ai encore attendu, au coin du couloir.
Ton collègue, ton camarade, ton pote est terriblement triste ce soir.
Et toi, mon collègue, mon camarade, mon pote, et bien plus que ça, tu vas me manquer, tu vas beaucoup me manquer.
Ou que tu sois Tony, il y aura toujours ici bas quelqu'un qui vivra chaque instant de sa vie avec ton souvenir ancré dans son coeur.
Bon voyage mon ami, la vie a moins d'éclat depuis ce soir.