Thèse de médecine: c'est parti !
Que de chemin parcouru, depuis ma petite banlieue de San Andreas !
Je pense que peu de monde aurait parié une pièce sur moi, surtout après la mort de mon père.
Je ne dirais pas que j'en suis guéri, mais cette colère me projette en avant, chaque jour.
Peut être que je ne pourrais jamais vraiment en guérir. Ces images restent dans ma mémoire, après toutes ces années.
J'étais jeune, j'étais en colère et j'en voulais au monde entier.
C'est comme glisser sur une pente, sans jamais réussir à s'accrocher à quoi que ce soit pour ralentir sa chute.
Et puis un jour, le monde m'est apparu différemment.
Est-ce l'instinct de survie qui m'a sauvé ? Je n'en sais rien.
Mais ce fameux matin du dimanche 12 juin 2016, j'ai vu à la télévision cet attentat qui s'est produit dans une boite de nuit d'Orlando.
Pourquoi sont-ils morts ? Parce qu'ils n'aimaient pas les bonnes personnes.
J'ai voulu bien faire, je suis allé sur place, et tenter d'aider les secours. Je n'avais aucune expérience, et encore trop peu de compétence. J'étais plus un poids pour les secours qu'une aide.
Alors je suis allé vers les proches des victimes. Je leur ai parlé. Je suis resté près d'eux.
Et j'ai compris.
J'ai compris que toute la colère que j'avais, je pouvais l'utiliser pour construire quelque chose. Quelque chose de plus grand que moi, qui dépassait totalement ma condition.
Aider, soutenir, soigner, guérir les gens dans le besoin.
J'étais déjà à l'Université de San Andreas, en spécialité médecine, mais c'est ce jour précis que j'ai trouvé un sens à mes études, et à ma vie.
Le choc vécu par les victimes de cet attentat a été une double peine pour certains survivants.
Lourdement blessés aux membres, ou même au visage, certains n'ont plus jamais été les mêmes physiquement, même après s'être rétabli.
Comment garder sa propre identité quand vous ne ressemblez plus physiquement à celui que vous étiez avant, parce qu'on vous a dévisagé avec une balle de fusil ?
C'est la que j'ai voulu me spécialiser dans la reconstruction physique des poly traumatisés. Pour leur redonner leur identité, les aider à se reconstruire intérieurement.
Parallèlement, je réfléchissait à des solutions pour amoindrir les douleurs insupportables causées par ces traumatismes. Et ces douleurs ne sont pas que physiques.
C'est cette réflexion qui m'a amené à travailler sur les sources et la notion même de douleur.
Aujourd'hui, j'en fais ma thèse de médecine: celle que je présenterai à un jury de Sages pour valider mes études, et devenir médecin.
Les premières lignes sont écrites, j'arbore désormais le chemin que j'ai choisi.